Remark: This article is from The Conversation France written by Victor DOS SANTOS PAULINO & Nonthapat PULSIRI (V&N) — Experts from Toulouse Business School and The SIRIUS Chair (France)
Lorsque nous parlons d’espace, nous pensons aux étoiles que nous voyons la nuit ou à de bons films de science-fiction. Or, l’espace comprend également tous les satellites et engins qui sont lancés depuis la Terre. Dans certains engins spatiaux, il y a des astronautes, comme l’Américaine Christina Koch ou le Français Thomas Pesquet, qui voyagent pendant plusieurs jours ou mois pour de nombreuses missions.
Pendant ce temps, plus de 8 000 satellites non habités opèrent sur les orbites terrestres pour améliorer la vie quotidienne. Par exemple, les satellites de communication contribuent à améliorer l’accès à Internet dans les zones blanches, les satellites d’observation sont essentiels pour les prévisions météorologiques et les satellites de navigation (GPS) sont indispensables pour les besoins de transport actuels et futurs tels que les véhicules autonomes.
Les progrès dans le secteur spatial offrent aujourd’hui de nouvelles opportunités dans la mise en orbite de constellations de milliers de satellites (par exemple, la flotte Starlink lancée par SpaceX, la société de l’homme d’affaires américain Elon Musk) ou encore dans l’exploitation minière spatiale et le tourisme spatial. Certains pays (dont la France et les États-Unis) ont par ailleurs annoncé que soutenir leur écosystème spatial constituait une priorité pour dynamiser l’économie.
Des sociétés comme SpaceX ou encore Blue Origin, lancée par le milliardaire américain Jeff Bezos, peuvent en effet stimuler les modèles d’affaires d’autres entreprises dans des secteurs non spatiaux comme ceux de la logistique et de l’énergie. Ces nouveaux entrants contribuent ainsi à élargir l’impact des activités spatiales à d’autres secteurs.
Plus de 3 300 satellites non opérationnels en orbite
Dans le même temps, la société civile apparaît cependant de plus en plus préoccupée par les problèmes croissants de développement durable dans les activités spatiales.
Le premier problème identifié concerne les débris spatiaux, qui sont des objets fabriqués par l’homme se trouvant en orbite terrestre et n’ayant plus de fonction utile. Ces objets comprennent des satellites non opérationnels, des étages de lanceurs abandonnés, des fragments de satellites mis hors service et même le résultat de collisions entre objets spatiaux.
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Imaginez que plus de 30 000 débris spatiaux nuisibles et 3 364 satellites non opérationnels peuvent aujourd’hui entrer en collision avec les 4 852 satellites opérationnels, et que toutes leurs fonctions utiles à la vie quotidienne disparaissent. Cela désorganiserait des pans entiers de la société comme les transports, la sécurité nationale, ou encore la finance.
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Certaines activités spatiales ont également un impact écologique sur l’environnement terrestre, tel que la pollution de l’air, de l’eau et des sols. Par exemple, les substances toxiques potentiellement libérées par le tourisme spatial font encore l’objet de débats animés sur la légitimité environnementale de développer ces nouvelles activités. Par conséquent, les activités spatiales ne concernent pas que la communauté spatiale, elles concernent tout le monde.
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Pour aider à trouver des solutions, nous suggérons trois axes de travail prometteurs sur la base de nos récents travaux de recherche : (1) la collaboration, (2) les technologies spatiales vertes et (3) les politiques de soutien.
Le soutien de la société civile en jeu
La collaboration constitue une première solution qui doit s’envisager via l’interaction de cinq parties prenantes clés : les gouvernements, le monde universitaire, l’industrie, la société civile et les acteurs environnementaux comme les organisations non gouvernementales (ONG). Cependant, alors que l’industrie a déjà pris conscience des problèmes, le rôle des institutions académiques dans la collaboration reste incomplet. Les progrès concernent aujourd’hui notamment l’identification des débris, la gestion du trafic spatial, l’enlèvement des débris et la maintenance en orbite.
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La deuxième solution consiste à développer des technologies spatiales vertes qui vont minimiser l’émission de pollutions lors de la conduite des activités. Ces technologies peuvent être liées à l’écoconception et au développement de technologies spatiales respectueuses de l’environnement, telles que la propulsion verte, l’énergie propre, les matériaux non toxiques et l’enlèvement des débris spatiaux.
Enfin, la dernière solution suppose la mise en œuvre de politiques de soutien à l’innovation qui à la fois encouragent la commercialisation de l’espace en tant que nouveau moteur économique et renforcent la nouvelle dynamique durable des activités spatiales. Par exemple, des politiques d’innovation verte visant à aider les petites et moyennes entreprises ayant des technologies à faible impact environnemental. En outre, il convient d’aligner ces politiques sur les 17 Objectifs de développement durable (ODD) établis les Nations unies.
Il est encore temps pour résoudre les deux principaux problèmes qui empêchent un espace durable : les débris spatiaux et l’impact écologique des activités spatiales. Cependant, les gouvernements, le monde universitaire et l’industrie ne doivent pas attendre, au risque d’alimenter un dénigrement des activités spatiales comparable à la honte de prendre l’avion qui se développe depuis les années 2010. Un manque d’action pourrait ainsi compromettre le soutien de la société civile qui a toujours été indispensable aux développements des activités spatiales.
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